"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"
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Monsieur le président, chères et chers collègues, chères et chers étudiant·es,
À la suite de l’intervention d’étudiant·es au Conseil scientifique le mardi 30 avril, le président de l’EHESS est intervenu sur la liste « discussion-débats » avec un mail qui nous oblige à prendre la parole afin de rappeler la vérité des faits.
À trois reprises, le comité « Cessez-le-feu », dont certains membres appartiennent également à nos organisations, a proposé au vote des instances la motion « Cessez-le-feu ». Par trois fois, aucune discussion sur le texte n’a été possible. Si, au Conseil scientifique, le président a oublié de mettre la motion à l’ordre du jour contrairement à ce qu’il avait promis à la LDH, lors du Conseil d’administration et de l’Assemblée des enseignants la discussion a été empêchée par la mise au vote préalable du principe même de voter la motion. Ainsi le Conseil d’administration du 16 mars a voté avec un formalisme totalement inconnu à cette institution (urnes préparées par l’administration et registre de signature des votants) contre le fait d’ouvrir le débat et le vote sur la motion, par 16 votes contre, 10 votes pour et 3 abstentions. À l’Assemblée des enseignants, une courte majorité de voix s’est exprimée contre la mise au vote de la motion (49 voix contre, 44 pour et 7 abstentions).
Grâce à cette manœuvre apparemment démocratique, la présidence a empêché la tenue du débat dans les instances en refusant de l’inscrire à l’ordre du jour.
Il est temps que la présidence accepte que toutes les voix puissent s’exprimer et prendre la parole sur le fond de la question dans le cadre des instances démocratiquement élues. Cela est encore plus vital au moment où la Ministre de l’Enseignement supérieur, dans un mépris total des libertés académiques, enjoint aux universités de se taire.
Compte tenu de l’urgence de la situation, nous exigeons que la présidence garantisse la tenue d’un débat sur la motion « Cessez le feu » en convoquant un Conseil d’administration extraordinaire avec ce point unique à l’ordre du jour, et que la motion soit mise au vote.
Nous avons vécu à l’EHESS ces derniers mois dans un climat de peur et d’intimidation initié par un message du 9 octobre 2023, signé notamment par trois anciens présidents de l’EHESS et plusieurs directeurs d’études, qui accusait les étudiant·es du syndicat Solidaires et notre collègue qui avait relayé leur communiqué d’« apologie du terrorisme ». Certains des signataires de ce message ont ensuite publiquement attaqué un collègue qui attirait l’attention sur le risque génocidaire, risque reconnu quelques semaines plus tard par la Cour Internationale de Justice. La présidence a par la suite déposé un signalement Pharos, et les étudiant·es ont récemment été convoqué·e par la police anti-terroriste. Au-delà de l’établissement, les interdictions des manifestations en soutien à la Palestine et la multiplication des actions judiciaires et de police contre toute voix réaffirmant les droits du peuple palestinien sont allées jusqu’à la convocation d’élu·es d’opposition et à la condamnation d’un responsable syndical. Le message du 9 octobre s’inscrit dans cette tendance à imposer un seul point de vue, celui des autorités israéliennes.
Il est temps que cessent ces attaques contre la liberté d’expression en France, et il est temps de sortir du climat délétère initié dans notre établissement par nos anciens présidents.
Le temps est venu pour que la présidence s’émancipe de ceux qui pensent pouvoir plus que d’autres parler au nom de l’établissement. Nous, personnels administratifs, techniques et scientifiques de l’EHESS et de ses laboratoires, doctorant·es, enseignant·es, étudiant·es, sommes cette école, et aucun ancien président de pourra nous faire taire.
C’est maintenant au président, élu par la seule Assemblée des enseignants-chercheurs, de devenir le président de toutes et tous, ce n’est qu’ainsi qu’il pourra gagner sa liberté, et garantir la nôtre.
À trois reprises ces derniers jours, jeudi 25, vendredi 26 et mardi 30 avril, l’entrée du 54 boulevard Raspail a été fermée, sans qu’aucune information n’ait été délivrée par la Direction générale des services ou la Présidence. Jeudi et vendredi Sciences-Po Paris était occupé, et mardi des étudiant·es de l’EHESS sont intervenu·es au Conseil scientifique. Le même jour, la police en civil stationnait devant nos portes. Le jeudi 2 mai, un rassemblement devant le campus Jourdan a été nassé par la police.
Nous demandons que les franchises universitaires soient respectées et qu’il n’y ait pas de fermetures administratives en cas de mobilisation étudiante.
Nous soutenons l’ensemble des mobilisations étudiantes en cours et invitons toutes et tous les membres de la communauté de l’EHESS à participer le 13 mai à la réunion publique organisée sur le Campus Condorcet, obtenue grâce au courage et à la détermination des étudiant·es.
CGT FERC Sup EHESS
2ESR13 CNT
FSU EHESS
SUD EHESS
SNTRS CGT Paris Nord
et la section EHESS de la LDH