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Message quotidien de solidarité, pour nous aider toutes et tous à briser les conséquences du confinement.
Déconfinement le 11 mai : les employeurs ont des obligations en matière de santé et de sécurité au travail
Coronavirus : faire taire les lanceurs d’alerte nuit gravement à la santé publique !
Un appel de Vincent Lindon : "Comment ce pays si riche...."
60 propositions pour sortir durablement de la crise sanitaire, sociale, économique et environnementale
Le monde du travail en confinement : une enquête inédite
15 excellentes raisons de stopper l’appli "Stop-Covid"
Contrôles abusifs et violences policières : les quartiers populaires en 1ère ligne
Soirée spéciale 1er Mai sur Médiapart
Diffusée en direct le 30 avril à 18h
Article Médiapart
Entre craintes et espoirs, « le monde d’après » vu par les travailleurs
L’autre pandémie - BD
"La crise économique qui vient risque de faire plus de morts que la crise sanitaire du Covid-19" qu’on nous dit. L’occasion de faire le point sur l’autre pandémie, la vraie, la grosse, celle qui pourrait bien nous éradiquer une bonne fois pour toute.
Réouverture des écoles : pour la CGT Educ’action c’est non !
Coronavirus : analyse de la situation par l’économie
Dossier CGT
Covid-19 : compte-rendu de la réunion entre le Secrétaire d’Etat à la Fonction Publique et les organisations syndicales du 23 avril 2020
1er mai : Le jour d’après, je veux quoi ?
Médiapart
Crise sanitaire : double peine pour les précaires !
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Le confinement affame les enfants de familles pauvres
Plus que jamais, le 1er mai !
Communiqué intersyndical : CGT, Solidaires, FSU, FIDL, UNL, MNL, UNEF
Les étudiants infirmiers dénoncent leurs conditions de travail
Article Médiapart
Ils font des profits sur la santé des salarié.es de l’interim...
Le jour d’après
Par Monique Pinçon-Charlot
Pour l’immense majorité, le confinement est une grande souffrance personnelle
COVID 19 : quels sont vos droits ?
https://www.cgt.fr/dossiers/covid-19-quels-sont-vos-droits
Le Blog d’Emma
La facture
Interview de Loïc Pen, médecin urgentiste, syndicaliste CGT, à l’hôpital de Creil (Oise)
Le point sur la situation sanitaire
La CGT FERC Sup de l’Université d’Aix-Marseille a eu connaissance de ces enquêtes de Médiapart sur le Pr Didier Raoult. Nous faisons le choix de les diffuser ici, sans prendre part au débat scientifique et médical sur la chloroquine et le protocole en cours à l’IHU de Marseille.
Chloroquine : pourquoi le passé de Didier Raoult joue contre lui ?
Article de Médiapart du 7 avril 2020
A l’air libre, une émission de Médiapart
. Raoult, pourquoi tant de controverses ?
. Gaza, le risque d’un désastre sanitaire
. Le handicap sous confinement
Les charognards à l’affût !
« En même temps » qu’ils multiplient les éloges sur les personnels de santé des hôpitaux publics, nos gouvernants commandent en douce des rapports qui visent à poursuivre l’asphyxie de notre système de santé public !
Cette haute trahison, cette forfaiture, intervient alors que médecins, infirmiers ou réanimateurs se saignent aux quatre veines pour soigner et sauver des vies en mettant la leur en danger, du fait même des pénuries et négligences gouvernementales. Ce sale coup se prépare dans les arrière-cuisines peu ragoutantes des industries chimiques, des assurances privées, des banques et des cabinets ministériels. Les voici qui affûtent en bande organisée des projets pour tirer parti du drame planétaire et relancer le business capitaliste.
Par devant, le président de la République proclame d’une voix apeurée que la santé appartient « aux biens et service qui doivent être placés en dehors des lois du marché ». Par derrière, il commande à la Caisse des dépôts et consignations, bras financier de l’Etat dont l’indépendance a encore été réduite avec la récente loi « Pacte », un rapport dont l’objectif est d’accélérer le processus de marchandisation de la santé. Ce même processus qui nous conduit aux actuelles hécatombes.
Dans une copie destinée au cabinet élyséen, le service de prospection stratégique de la Caisse des dépôts prône le désarmement total de l’Etat social et de la protection des citoyens, la mise en concurrence plus grande des secteurs publics et privés pour abaisser encore les rémunérations des personnels de santé. Il propose d’accélérer les privatisations de l’hôpital public avec les fameux partenariats « public-privé » qui ont tous conduit à des fiascos sanitaires et économiques. Seules les banques s’en frottent les mains.
Et rien n’est prévu pour augmenter les dépenses publiques de santé puisque nos ronds-de-cuir insistent pour maintenir le corset avec le fameux « objectif national des dépenses d’assurances maladie », tandis que seule la dette des cliniques privées serait restructurée au-delà des engagements gouvernementaux.
La stratégie des commanditaires de ce rapport est de pousser les feux d’un capitalisme sanitaire, appuyé sur un capitalisme numérique et financier. Des catégories de personnels seraient remplacées par une cohorte de start-up alliées aux grandes compagnies d’assurances comme AG2R ou Malakoff Humanis, des firmes chimiques comme Astra-Zeneca, des filiales du crédit agricole et de la banque postale. Et, grande innovation des technophiles du capital, puisque les banques et la Caisse des dépôts ont garanti ces dernières années des milliards d’euros aux grands croisiéristes dont l’activité a spectaculairement chutée, on transformera ces grands bateaux en « navire-hôpital en contrepartie d’une rémunération ». Inouï !
Ainsi au cœur de la pandémie, au centre d’un malheur planétaire, les milieux d’affaires en lien avec des secteurs décideurs de l’Etat réfléchissent aux moyens non pas de protéger les êtres humains, mais à la meilleure façon de profiter de la situation. Ceci, en mettant l’épargne populaire à disposition de la relance d’un capitalisme dont de plus en plus de personnes mesurent les impasses mortifères.
La riposte s’impose. Les débats et les prises de positions ne doivent pas rester confinés, il faut une entière transparence sur les dettes des hôpitaux et réclamer leur annulation totale, obtenir une augmentation substantielle des rémunérations des travailleurs de la santé, le retour sur tous les conquis détruits des agents du service public, un plan audacieux d’embauches, la réouverture des hôpitaux fermés, la relance de la recherche fondamentale. On trouve bien des centaines de milliards pour le secteur privé. On doit bien en trouver pour l’hôpital public. Au-delà, une grande politique de la santé publique dans le cadre d’une sécurité sociale de la vie doit être inventée, non pas avec les technophile de la Caisse des dépôts mais avec le concours de tous les intéressés, salariés et usagers.
Patrick Le Hyaric
Paru dans l’Humanité du 6 avril 2020
Lien pour le document : https://www.humanite.fr/sites/default/files/files/documents/cdc-plan-hopital_1.pdf
Citation
"Les sondages, c’est pour que les gens sachent ce qu’ils pensent" Coluche
Déconstructions et reconstructions du handicap en temps de coronavirus
Enseignante à l’université Aix-Marseille et co-fondatrice du Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation, Elena Chamorro écrit sur le validisme et les représentations et la place du handicap.
Doctorante au CRH (CNRS/EHESS), Soline Vennetier prépare une thèse intitulée : Sourds et médecine des années 1950 à nos jours. Entre réadaptation et accès aux soins. Histoire sociale, politique et culturelle croisée (France, États-Unis, Suède), sous la co-direction de Paul-André Rosental et Andrea Benvenuto.
Citation
"On devrait inventer l’alcootest politique, on devrait faire souffler les hommes politiques dans un ballon pour savoir s’ils ont le droit de conduire le pays au désastre" Coluche
Pétition : Plus jamais ça !
Plus Jamais ça, construisons ensemble le Jour d’Après ! 15 associations et syndicats lancent une pétition pour un Jour d’Après écologique, féministe et social
Communiqué commun sur le lancement de la pétition :
Le lien vers la pétition :
Le groupe La Poste démasqué pour sa gestion de la crise
LE VIRUS ET LA PESTE BRUNE
Extrait du livre gratuit édité par Syllepse : Covid 19, un virus très politique
Dans cette période de crise sanitaire, alors que le mouvement social tente de continuer à assurer les solidarités nécessaires, il peut être utile de jeter un œil de ce qui se dit à l’extrême droite, et quelles thèses circulent dans ces milieux et, hélas, bien au-delà.
Sans surprise, les différentes galaxies reprennent leurs obsessions habituelles, chacune voyant dans la situation actuelle la confirmation de son discours. Le Rassemblement national (RN) continue de dire tout et son contraire, comme l’ont montré les multi-revirements de Marine Le Pen, notamment sur la période de « confinement » que nous vivons. Il aurait été, selon elle, mis en œuvre trop tard alors qu’elle-même déclarait le 27 février que ce n’était pas une solution. Dans la série de « faites ce que je dis, pas ce que je fais », alors que les bars et restaurants étaient fermés, et que les « gestes barrière » s’imposaient à tout le monde, Steeve Briois faisait rouvrir le Coq lillois pour fêter sa réélection à Hénin-Beaumont et guincher avec d’autres eurodéputés du RN.
Le Rassemblement national surfe aussi sur la vague du « complotisme ambiant », plus ou moins finement selon ses dirigeant·es. Dans un contexte de crise sanitaire, mais pas seulement, les thèses « complotistes » se développent, renforcées par une communication gouvernementale chaotique et alors que la plupart des « grands médias » se contentent de relayer la parole du pouvoir. Pour la direction du RN, il s’agit de ne pas se couper de son électorat : une enquête IFOP pour l’Institut Jean-Jaurès et Conspiracy Watch montre en effet que 55 % des sympathisants du Rassemblement national souscrivent à la thèse selon laquelle le nouveau coronavirus a été développé en laboratoire, 40 % de manière « intentionnelle » et 15 % de façon « accidentelle ». Interrogée le 30 mars dernier sur l’avis de ses électeurs, Marine Le Pen a d’abord botté en touche avant d’ajouter que « c’est une question de bon sens ». Moins subtil, Gibert Collard s’engouffre dans le débat sur la chloroquine, et le rôle des laboratoires, demandant « Quel courroux anime le couple Buzyn-Lévy contre le profes-seur Raoult ? », comme si c’était ça la vraie question.
MAIS À CÔTÉ DU RN, LA FRONTIÈRE EST BIEN SOUVENT POREUSE ET D’AUTRES SE LÂCHENT PLUS OUVERTEMENT
Riposte laïque laisse évidemment libre cours à ses délires racistes, parlant du « coronavirus » qui serait plus dangereux, dénonçant « le confinement réservé aux seuls vrais Français », et se demandant « qu’attendent les flics pour tirer sur les racailles ? », reprenant ainsi l’idée que « le coronavirus est une stratégie mondialiste pour détruire les sociétés occidentales ».
Inventant des scènes de pillage dans les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis, Riposte laïque n’a pourtant pas reproduit la tribune hallucinante de Michel Onfray dénonçant les « territoires perdus de la République » où les jeunes feraient des barbecues tous les soirs, entre deux agressions et visites à la mosquée. Si Riposte laïque a une audience non-négligeable qui se cantonne qu’aux franges les plus rances de la fachosphère, nous ne pouvons que nous inquiéter du respect (et des invitations qui vont avec) dont continue à bénéficier Michel Onfray dans de nombreuses rédactions.
Alain Soral, sur son site Égalité & Réconciliation, exprime dans une vidéo modestement titrée « Soral a (presque toujours) raison – Réflexions sur le couillonavirus » que ceux qui contrôleraient notre système de santé (des juifs ashkénazes) auraient plus grand profit que le virus se propage, allant jusqu’à ressortir le mythe de l’empoisonnement des puits par les Juifs, inventé au 14e siècle. Dans cette vidéo, on y apprend, fait important, que le confinement gêne Alain Soral puisqu’il ne peut plus aller manger au restaurant... il n’a donc plus comme seule solution de se faire livrer des plats préparés : on peut donc se proclamer antisystème et en profiter dans ce qu’il a de plus caricatural !
Autre antisémite convulsif, Boris Le Lay ne pouvait pas faire moins, et pour lui, c’est sûr, c’est un coup des banques centrales « qui ont racheté tous les marchés et ont réalisé le plus grand hold-up de l’histoire sur une panique montée de toutes pièces ». Pour « preuve », la Bourse de New York a connu un rebond de 20 % suite aux annonces de soutien gouvernemental à l’économie américaine. Et qui dit Bourse de Wall Street dit évidemment « banquiers juifs », CQFD.
L’antisémitisme ne nourrit pourtant pas forcément son homme, alors si on peut profiter de la crise sanitaire pour se faire un peu d’argent, pourquoi se priver ? L’escroc antisémite Dieudonné propose à la vente des masques importés de Chine (peu de chance que les client·es les reçoivent au vu de la nouvelle législation) quatre fois plus cher que ce qu’on peut trouver ailleurs sur Internet.
Comme toujours, l’extrême droite, comme le complotisme, montre qu’ils ne servent avant tout qu’à faire diversion. Faire croire que ce serait la faute des juif·ves, musulman·nes, d’une « élite » ou des illuminatis, c’est refuser de dénoncer un système, le capitalisme, qui montre une nouvelle fois sa grande part de responsabilité dans les difficultés que nous avons à faire face à la crise, et donc, le renforcer.
La CGT demande la suspension immédiate des dividendes
Télétravail : n’acceptons pas de faire n’importe quoi dans n’importe quelles conditions
Covid 19 et "santé" des travailleurs.ses
PAR LE COLLECTIF « PERSONNELS DES SERVICES DE SANTÉ AU TRAVAIL » UGICT-CGT - Collectif « santé au travail » CGT
« J’irai pas au turbin – Lettre d’un fainéant » : un ouvrier écrit à Muriel Pénicaud
Il faut protéger les droits des femmes et maintenir l’accès à l’avortement
« La police n’a pas à être le bras armé d’une incompétence sanitaire massive »
Interview d’Alain Damasio, auteur de romans de science-fiction, à Libération.
"Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie..."
Par Annie Ernaux
Lettre ouverte à Emmanuel Macron en période de crise
Samuel Churin, membre de la coordination des intermittents et précaires, interpelle le président de la République sur son double discours, enjoignant les uns au confinement tout en exigeant des autres qu’ils se rendent au travail.
Malgré le coronavirus, la France renvoie des migrants en Italie du Nord, une des zones les plus infectées au monde
Université française : mort sur ordonnance ?
Article de Corine Eyraud - Maître de Conférence à l’Université d’Aix-Marseille
On vous l’avait dit : ça arrive ! Les fonds de pension font boire la tasse...aux retraités !
Article de Cyprien Boganda dans le journal l’Humanité
"Rester confiné chez soi n’a strictement rien à voir avec une période de guerre"
Article de Maxime Combes, membre d’ATTAC
Le code du travail tombé au champ de bataille
"Petits chefs", un documentaire sur les managers obsédés par le pouvoir
Etat d’urgence sanitaire : "augmenter le temps de travail revient à mettre la population en danger"
Interwiew de Sophie Binet, membre de la direction de la CGT
La colère monte dans le monde de la recherche
Dossier CGT
Depuis plusieurs mois, l’hôpital public nous alertait du danger !
Alors que le président de la République semble découvrir l’importance des services publics depuis le début de cette crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, cela fait des mois que les personnels soignants se mobilisent pour appeler à l’aide.
Face à la pandémie, retournons la « stratégie du choc » en déferlante de solidarité !
21 MARS 2020 PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
Face à l’ampleur du bouleversement provoqué par la pandémie Covid-19, près de 230 médecins, infirmiers, réanimateurs, paysans, artistes, chercheurs, scientifiques, syndicalistes, éditeurs et autres personnalités appellent à l’entraide et à l’auto-organisation dans cette période de confinement : « Il n’y aura pas de “sortie de crise” sans un bouleversement majeur de l’organisation sociale et économique actuelle ».
"Les connards qui nous gouvernent"
Par Frédéric Lordon - 18 mars 2020
THOMAS PORCHER : « LE SERVICE PUBLIC EST PLUS EFFICACE QUE LE SECTEUR PRIVÉ »
Interview par Sylvestre Rome - Vendredi, 20 Mars, 2020
Membre des Économistes atterrés, professeur à la Paris School of Business publie les Délaissés, dans lequel il fustige les politiques néolibérales. Tel un rouleau compresseur écrasant les plus défavorisés, le système à bout de souffle accroît les inégalités, détruit la planète et se voit remis en cause par la crise du coronavirus.
Au regard du contexte actuel, quel va être l’impact économique du Covid-19 ?
Nous faisons face aujourd’hui à une triple crise. Sanitaire, financière et économique. En plus des raisons de santé publique évidentes, il faut tout mettre en œuvre pour la stopper le plus vite possible afin de limiter l’impact économique. Plus elle s’inscrit dans la durée, plus les répercussions seront sévères. À mon sens, nous aurions dû prendre bien plus tôt les mesures drastiques comme le confinement, la fermeture des frontières, le couvre-feu, etc. Elles auraient permis d’atteindre le plateau de contamination plus rapidement, mais aussi de permettre aux populations de prendre dès le début la mesure de l’importance du risque épidémique. À la place, nous avons été dans une situation d’entre-deux avec les gestes barrières, nécessaires mais insuffisants, et, de l’autre, une communication gouvernementale qui nous incitait à sortir pour, par exemple, aller voter aux élections municipales. Le message n’était pas très clair. Les crises financières et économiques sont directement liées à l’urgence sanitaire. Un contrôle rapide de la contamination aurait permis de lever les doutes des marchés financiers sur les incertitudes des États européens à endiguer le Covid-19. Les pertes des petits commerces auraient été rattrapées les trimestres suivants, comme c’est déjà le cas lors des perturbations comme des grèves importantes. L’État aurait alors pu agir pour soutenir les secteurs les plus impactés. Aujourd’hui, nous sommes face à une épidémie qui prend une ampleur inédite et dont les conséquences économiques sont à l’heure actuelle difficilement mesurables.
Et qui risque d’en faire les frais ?
Si, dans les semaines à venir, notre économie enregistre une baisse conséquente de l’activité, comme lors de la crise de 2008, tous les secteurs d’activité seront touchés. Les différentes réformes du Code du travail menées par Hollande puis poursuivies par Macron permettent de licencier plus facilement. À cela, il faut aussi ajouter la réforme de l’assurance-chômage qui rend plus difficile l’accès aux prestations chômage et diminue les montants alloués. Les catégories des ouvriers et des employés seront ainsi les premières à en subir les conséquences. Dans une moindre mesure, les cadres pourraient être également touchés. On peut dès lors s’attendre à une diminution des embauches, un gel des augmentations et une hausse des cadences. Tout va dépendre en fait des moyens que le gouvernement sera prêt à mettre en œuvre pour soutenir l’activité, une fois le problème sanitaire réglé. Le président a parlé d’un soutien à l’activité, il faut voir comment cela se traduira dans les actes.
Le coronavirus semble mettre en lumière les défaillances du système capitaliste ?
En effet, le coronavirus montre la fragilité de notre système. Tant dans la rapidité de la propagation, qui montre une perte de contrôle des flux, que dans la dépendance de nos économies, en particulier dans la fabrication de produits aussi importants que les médicaments. Il ne faut pas non plus éluder la logique austéritaire et managériale mise en œuvre depuis des années et qui a organisé des coupes budgétaires dans les services publics, et notamment dans le secteur de la santé. Aujourd’hui, les personnels en première ligne dans la lutte contre le coronavirus sont ceux des hôpitaux, de la petite enfance, de l’éducation. Ces mêmes travailleurs qui manifestent depuis plus d’un an dans l’indifférence générale alors qu’ils réclament simplement des conditions de travail décentes, qui passent notamment par une augmentation de moyens humains et financiers.
D’où un chapitre entier de votre dernier livre dans lequel vous appelez à la sauvegarde des services publics ?
Depuis de nombreuses années, on assiste à un travail de sape médiatique pour dénigrer non seulement le service public, mais aussi les agents qui y travaillent. Ils sont souvent taxés de « fainéants », « improductifs », « toujours en arrêt maladie », etc. Pourtant, de nombreuses études montrent que le service public est plus efficace que le secteur privé. D’une part car il n’y a pas d’actionnaires à rémunérer, mais aussi parce que l’État, en tant qu’investisseur, bénéficiera toujours des taux d’emprunt les plus avantageux. Il y a également un effet rarement mis en avant, il s’agit de « l’effet multiplicateur de l’investissement public », théorisé par Keynes et maintes fois vérifié. La politique du Royaume-Uni en est un très bon contre-exemple. Le gouvernement a voulu cesser certains partenariats public-privé. Un rapport accablant du National Audit Office (l’équivalent britannique de la Cour des comptes) a montré que, ce faisant, la construction d’écoles coûterait 40 % de plus en cas de délégation au privé, un chiffre qui passerait même à 70 % pour les hôpitaux. Autre exemple, le système de santé aux États-Unis. Essentiellement privé, il représente 17 % du PIB, contre 11,7 % chez nous. En plus d’être inégalitaire, il est plus cher.
Il n’y a donc pas d’intérêt « économique » à casser les services publics ?
C’est une nouvelle fois encore une histoire de gros sous. Il y a une énorme manne financière, je rappelle qu’en France, les retraites représentent 300 milliards d’euros par an, sur laquelle le secteur privé souhaite mettre la main. La libéralisation du rail ou la réforme des retraites, pour ne citer qu’eux, s’inscrivent dans cette logique de privatisation de l’ensemble des secteurs de l’économie à laquelle on assiste depuis une trentaine d’années en France. Nous avons face à nous des élites très dogmatiques. La stratégie d’Emmanuel Macron consiste à mettre en concurrence l’un et l’autre, et faire en sorte que le privé cannibalise le public. On les oppose alors que les deux sont essentiels. Plutôt que de les mettre en concurrence, il faudrait montrer les bienfaits d’une économie mixte avec un secteur public fort qui réglemente le privé.
Avec notamment le tournant libéral pour l’agriculture dans les années 1980 ?
Au début, l’ouverture à la mondialisation a été plutôt bénéfique pour les agriculteurs. Ils pouvaient exporter leurs biens vers le monde entier, mais avec le revers de la médaille : une plus forte concurrence. Pour y faire face, ils ont dû augmenter leur productivité, avec le recours à la mécanisation. Toutefois, les denrées agricoles sont des biens très particuliers. Par exemple, un individu qui mange des pommes ne va pas se mettre à en manger deux fois plus si elles sont deux fois moins chères. En réalité, plus l’ensemble du secteur agricole se mécanise, plus il augmente sa productivité, et plus il voit ses revenus diminuer. L’économiste David Cayla, qui a beaucoup travaillé sur cette question, utilise d’ailleurs l’expression « la malédiction des agriculteurs ». À cela il faut aussi prendre en compte l’extrême financiarisation et tout particulièrement celle des matières premières au début des années 2000. Pour faciliter la vie des investisseurs, les banques ont conçu de nouveaux produits financiers tels que le Goldman Sachs Commodity Index (GSCI). Cet indice sert d’unique référence pour fixer les prix de 24 composantes à l’échelle mondiale. Il mélange à la fois les prix du blé, du sucre ou du soja, mais aussi de certaines énergies comme le pétrole ou le gaz, ainsi que d’autres biens comme les métaux industriels (zinc, aluminium, nickel) ou encore l’or et l’argent. Ces biens, qui pourtant ont des modes de production et de consommation très différents, se retrouvent liés entre eux. Ainsi, la moindre fluctuation sur l’un de ces produits aura un impact immédiat sur tous les autres. Ajoutez à cela l’extrême volatilité des cours. On se retrouve alors avec un système de prix totalement déconnecté de l’économie réelle et du quotidien des agriculteurs. Comment, dès lors, un agriculteur peut-il réaliser des investissements qu’il remboursera sur plusieurs années sans un minimum de visibilité sur les prix ?
Cette extrême financiarisation de l’économie a ensuite conduit à l’explosion des Bourses mondiales en 2008, que vous analysez comme la genèse du mouvement des gilets jaunes…
À la suite de la crise dite des subprimes, le taux de chômage a explosé partout en Europe. Les plus touchées ont été les catégories des ouvriers et des employés, principalement dans les territoires et dans les banlieues. Au lieu de pratiquer une stratégie de relance de l’économie, les gouvernements européens ont opté pour l’austérité budgétaire dès 2011. Leur seul objectif étant la réduction du déficit public. D’importantes coupes ont été faites sur les collectivités territoriales. L’effet sur les populations fut immédiat. Les Français ont subi la dégradation de leurs services publics, qui s’est traduite par moins de moyens pour les crèches, les écoles, les loisirs ou encore les associations qui animent la vie locale, créant ainsi le sentiment d’être lâchés par les pouvoirs publics. Ensuite, comme dans toute révolution, il faut un déclencheur. Dans le cas des gilets jaunes c’est la taxe sur les carburants qui a joué ce rôle. Il faut bien comprendre que ce type de taxe doit avoir pour but d’inciter un changement des comportements. Dans les grandes villes, cet effet peut fonctionner parce que l’arbitrage entre véhicule et transport en commun est possible. À Paris, par exemple, le taux d’utilisation de la voiture est de 14 %. En revanche, dans les territoires, il est autour de 85 %. Tout simplement parce qu’aucune alternative n’est possible. La taxe perd alors son caractère incitatif et devient punitive. Une taxe sur les carburants est justifiée au nom de l’impératif écologique, mais elle doit s’accompagner de toute une batterie de mesures comme le développement des transports publics partout en France ou une fiscalité plus juste à l’égard des grosses entreprises comme Total.
Le secteur privé a donc aussi un rôle à jouer ?
Il est normal que dans un pays où une grosse entreprise est implantée, l’État donne son avis. Au moins sur les grandes orientations de politique économique afin que le privé s’inscrive dans un projet de société de plus grande envergure. L’État fixe le cap et les entreprises doivent s’y insérer. Si le but est la transition énergétique, la rénovation des bâtiments et les renouvelables, les entreprises peuvent trouver des opportunités à s’engouffrer dans ce projet. Le problème en France, c’est qu’on a l’impression que ce sont les entreprises qui décident à la place de l’État, et que la seule stratégie de ce dernier consiste à libéraliser l’économie et baisser la fiscalité pour faciliter la vie des grands patrons.
Alors, quelle est la solution ?
Mon rôle, en tant qu’économiste, est de jeter les bases d’un nouveau modèle en mesure d’apporter une réponse aux enjeux sociaux et environnementaux. Mais le nerf de la guerre, c’est la politique. Mon livre les Délaissés a pour objectif de montrer qu’une très grande majorité de Français subit les effets négatifs de l’économie néolibérale. Qu’ils soient gilets jaunes, banlieusards, agriculteurs ou cadres, tous sont victimes du néolibéralisme. La société civile doit dépasser les clivages d’opposition de classes, souvent instrumentalisés par le jeu politique, et réclamer un véritable changement de paradigme économique.
Coronavirus : le cri de colère d’un chercheur du CNRS
11 mars 2020
Bruno Canard est directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille. Lui et son équipe travaillent depuis plus de 10 ans sur les virus à ARN (acide ribonucléique), dont font partie les coronavirus. L’homme a poussé un cri de colère sur les réseaux sociaux et média français sur les raisons potentielles d’une situation devenue ingérable, jusqu’à précipiter l’économie mondiale dans le gouffre. Selon lui, pour des motifs de budget et d’économie sans vision, la recherche fondamentale sur les coronavirus n’a pas été suffisamment soutenue. On peut même parler d’abandon. Cette incapacité à saisir l’importance d’une démarche collective d’anticipation pose question. La logique politique triomphante est au court terme et les chercheurs sont désormais invités à réagir dans l’urgence alors qu’ils manquaient de moyens jusqu’à aujourd’hui en dépit des épidémies successives de ces dernières années.
Je suis Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille. Mon équipe travaille sur les virus à ARN (acide ribonucléique), dont font partie les coronavirus. En 2002, notre jeune équipe travaillait sur la dengue, ce qui m’a valu d’être invité à une conférence internationale où il a été question des coronavirus, une grande famille de virus que je ne connaissais pas. C’est à ce moment-là, en 2003, qu’a émergé l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et que l’Union européenne a lancé des grands programmes de recherche pour essayer de ne pas être prise au dépourvu en cas d’émergence. La démarche est très simple : comment anticiper le comportement d’un virus que l’on ne connaît pas ? Eh bien, simplement en étudiant l’ensemble des virus connus pour disposer de connaissances transposables aux nouveaux virus, notamment sur leur mode de réplication. Cette recherche est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience.
C’est une recherche fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme, qui peuvent éventuellement avoir des débouchés thérapeutiques. Elle est aussi indépendante : c’est le meilleur vaccin contre un scandale Mediator-bis.
Dans mon équipe, nous avons participé à des réseaux collaboratifs européens, ce qui nous a conduits à trouver des résultats dès 2004. Mais, en recherche virale, en Europe comme en France, la tendance est plutôt à mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie. Dès 2006, l’intérêt des politiques pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheurs de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Avec des collègues belges et hollandais, nous avions envoyé il y a cinq ans deux lettres d’intention à la Commission européenne pour dire qu’il fallait anticiper. Entre ces deux courriers, Zika est apparu…
La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate.
Avec mon équipe, nous avons continué à travailler sur les coronavirus, mais avec des financements maigres et dans des conditions de travail que l’on a vu peu à peu se dégrader. Quand il m’arrivait de me plaindre, on m’a souvent rétorqué : « Oui, mais vous, les chercheurs, ce que vous faites est utile pour la société… Et vous êtes passionnés ».
Et j’ai pensé à tous les dossiers que j’ai évalués.
J’ai pensé à tous les papiers que j’ai revus pour publication.
J’ai pensé au rapport annuel, au rapport à 2 ans, et au rapport à 4 ans.
Je me suis demandé si quelqu’un lisait mes rapports, et si cette même personne lisait aussi mes publications.
J’ai pensé aux deux congés maternité et aux deux congés maladie non remplacés dans notre équipe de 22 personnes.
J’ai pensé aux pots de départs, pour retraite ou promotion ailleurs, et aux postes perdus qui n’avaient pas été remplacés.
J’ai pensé aux 11 ans de CDD de Sophia, ingénieur de recherche, qui ne pouvait pas louer un appart sans CDI, ni faire un emprunt à la banque.
J’ai pensé au courage de Pedro, qui a démissionné de son poste CR1 au CNRS pour aller faire de l’agriculture bio.
J’ai pensé aux dizaines de milliers d’euros que j’ai avancé de ma poche pour m’inscrire à des congrès internationaux très coûteux.
Je me suis souvenu d’avoir mangé une pomme et un sandwich en dehors du congrès pendant que nos collègues de l’industrie pharmaceutique allaient au banquet.
J’ai pensé au Crédit Impôt Recherche, passé de 1.5 milliards à 6 milliards annuels (soit deux fois le budget du CNRS) sous la présidence Sarkozy.
J’ai pensé au Président Hollande, puis au Président Macron qui ont continué sciemment ce hold-up qui fait que je passe mon temps à écrire des projets ANR.
J’ai pensé à tous mes collègues à qui l’ont fait gérer la pénurie issue du hold-up.
J’ai pensé à tous les projets ANR que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés.
J’ai pensé à ce projet ANR Franco-Allemand, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de la redéposer tel quel un an après, et qu’on m’a finalement refusé faute de crédits.
J’ai pensé à l’appel Flash de l’ANR sur le coronavirus, qui vient juste d’être publié.
J’ai pensé que je pourrais arrêter d’écrire des projets ANR.
Mais j’ai pensé ensuite aux précaires qui travaillent sur ces projets dans notre équipe.
J’ai pensé que dans tout ça, je n’avais plus le temps de faire de la recherche comme je le souhaitais, ce pour quoi j’avais signé.
J’ai pensé que nous avions momentanément perdu la partie.
Je me suis demandé si tout cela était vraiment utile pour la société, et si j’étais toujours passionné par ce métier ?
Je me suis souvent demandé si j’allais changer pour un boulot inintéressant, nuisible pour la société et pour lequel on me paierait cher ?
Non, en fait.J’espère par ma voix avoir fait entendre la colère légitime très présente dans le milieu universitaire et de la recherche publique en général.