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Le 12 décembre 2024, Antoine Petit, PDG du CNRS, annonçait devant la convention des directrices et directeurs d’unités, sa décision d’attribuer à environ 25% des UMR sous tutelle du CNRS le qualificatif de "key labs".
Dans le projet de Contrat d’Objectifs, de Moyens et de Performance (COMP) du CNRS 2024-2028, on peut lire que "le CNRS se propose de mettre en valeur, parmi les laboratoires dont il assure la tutelle, les plus remarquables d’entre eux, ceux qui sont réellement de rang mondial" et que "naturellement, l’implication du CNRS serait plus forte, et plus pérenne, dans ces laboratoires".
Des listes de "key labs", choisis par la direction du CNRS sur des critères de sélection inconnus, circulent déjà.
Si ce projet est mené à son terme, quelles en seront les conséquences ?
Dans un contexte où les recrutements statutaires de chercheurs et d’ITA sont totalement insuffisants, au CNRS comme ailleurs, il y a de fortes raisons de craindre que "l’implication plus forte et plus pérenne" du CNRS dans les "key labs" aboutisse à la fin progressive des ouvertures de postes dans les 75% de laboratoires non sélectionnés. A charge pour ces derniers de trouver les financements nécessaires à l’embauche de contractuels, aboutissant à une précarisation accrue des personnels.
En parallèle, on peut redouter que l’attribution de financements par l’ANR, l’Europe, ou tout autre organisme, soit préférentiellement orientée vers les unités auréolées de ce nouveau "label", qualifiées de "réellement de rang mondial" et de "têtes de réseau". Donc, pour les autres, des difficultés accrues pour obtenir des financements.
Pas de renouvellement de postes, de l’argent plus difficile à obtenir, la logique serait que les étudiants évitent ces laboratoires là et s’orientent, eux aussi, vers les "key labs" pour faire leur thèse.
Autrement dit, quel avenir pour 75% des laboratoires CNRS ?
Et si ça se fait au CNRS, pourquoi pas à l’INSERM, à l’IRD ou à l’INRAE ?
Quant aux universités, elles aussi subiront les conséquences de ce projet. Toutes les unités du CNRS sont des UMR, dans lesquelles se trouvent de nombreux enseignant.e-chercheurs.euses et ITA universitaires. Quel avenir pour celles et ceux qui ne seront pas dans les "key labs" ? Quelles perspectives d’évolution de carrière dans une unités de recherche sans moyens ?
Ce projet est à rapprocher de l’acte II de la décentralisation pour les universités, que les aléas politiques que la France connait depuis le mois de juin dernier à mis de côté pour l’instant. N’oublions pas les objectifs de cet acte II : changer les règles de gouvernance des universités, déréguler les recrutements et les évolutions de carrière des agents, libéraliser les financements des universités (dont les montants des droits d’inscription). Là aussi, la ministre de l’époque parlait de conserver en France une dizaine de grandes universités, de rang international, au détriment des "petites" universités qui deviendraient…
Tout cela fait partie d’un grand projet de mutation radicale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, initié il y a plusieurs décennies, dont l’objectif est la transformation des organismes nationaux de recherche en agences de moyens et l’alignement de l’université française sur le modèle anglo-saxon.
Est-ce vraiment l’avenir que nous voulons laisser se mettre en place ?
Des personnels du CNRS se mobilisent contre le projet d’Antoine Petit. Nous avons tous intérêt à les rejoindre dans l’action.