"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"
Menu ☰Accueil > Syndicats > Pays de Loire > Université de Nantes > Actualités de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Réformes, vie pédagogique,...
Selon un article paru dans AEF, le 26-10-21 (qui s’appuie sur les conclusions d’un colloque scientifique du Réseau d’Études de l’Enseignement Supérieur -RESUP), les labellisations IDEX et ISITE, qui poussent les universités (Saclay, Nantes,…) à fusionner, sont « un levier de mise en concurrence interne », plus « qu’un moyen de différenciation des établissements ». C’est quand même un petit problème, si ces conclusions tirées par des chercheurs sont exactes, ce dont nous ne doutons pas à la lecture de l’article en question : combien d’argent dépensé par les fenêtres ? Dans nombre d’universités, combien d’énergie déployée, combien de stress pour les personnels, de restructurations à venir (avec leur lot de précarisation des postes …pour un très piètre résultat). Quoi ? La libre-concurrence, non faussée, cela ne marche pas, même au royaume des universités ? On nous aurait donc menti ?
Certes, comme le souligne Julien Gossa, enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg, les sites labellisés IDEX et ISITE accaparent « trois quart des fonds PIA de l’ANR ». Mais hélas, le montant des fonds ANR est très modeste, au regard des autres sources de financement des établissements universitaires : subvention pour charge de service public (SCSP), produit de fonctionnement encaissable (PFE), ressources propres. Au final, selon le même chercheur, si l’on observe de manière comparative le financement ou le taux d’encadrement des étudiants, on est assez surpris de constater que les sites labellisés IDEX ou ISITE… ne sont pas forcément mieux lotis que les autres établissements, voire moins bien dotés.
En fait, selon un autre intervenant de ce colloque, Camille Vergnaud, ce qui caractérise la labellisation, ce n’est pas la concurrence externe (qui nous choque déjà), c’est la mise en concurrence interne, entre les composantes, entre les chercheurs,… S’appuyant sur sa thèse qui a pris pour étude l’équipe présidentielle de Paris-Nanterre, elle met en exergue le fait que les sites labellisés aboutissent à un phénomène de « consentement sans adhésion ». Ces personnels de la Présidence voient bien les dangers de la labellisation et des fusions : mais, ils « appliquent ». Ils sont conscients d’une sorte de « jeu truqué » : les financements ANR vont aux établissements déjà subventionnés lors d’appels à projets (« l’argent va à l’argent »). Ils pointent avec justesse la création d’un « sentiment d’urgence » : on perd son énergie à la chasse au montage de projets. Ils sont conscients de l’absence de clarté dans la façon dont les financements ANR sont attribués. Bref, ils perçoivent le développement d’une logique managériale et concurrentielle qui ne coïncide pas avec les valeurs et le fonctionnement d’un service public. Mais ils « consentent », ils « obéissent ».
Voilà à quelle « pétaudière » nous sommes conduits, à Saclay comme ailleurs : un grand établissement, qui ne nous rapportera pas forcément de dotations supplémentaires, qui entraîne des restructurations lourdes, qui exacerbera la concurrence entre tous, l’esprit de rivalité malsain (sans émulation autre que la recherche de l’argent)… Quel beau projet !
La CGT FERC SUP et d’autres syndicats portent dans toutes les universités un message clair : non aux grands établissements, aux fusions, non au miroir aux alouettes des labellisations ! Et nous continuerons à défendre les valeurs du service public, les intérêts de tous les personnels, puisque ce sont nos principes fondateurs.