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jeudi 23 janvier 2025

Les infos du syndicat CGT FERC Sup de l’Université Toulouse - Jean Jaurès.

« Plate-forme de signalement » ou incitation à la délation ?

« Plate-forme de signalement » ou incitation à la délation ?

Encore une fois, on marche dans l’inconnu !

Alors que nombre de personnels frôlent le burn-out ou sont déjà parti∙es en arrêt maladie/accident de travail, la direction de notre établissement ne trouve pas d’autre urgence, après des vœux de début d’année pour le moins décalés, que d’inaugurer pour 2025 le dispositif de signalement dont personne ne voulait !

Certes, il fallait agir d’une quelconque manière ! Car, depuis près d’un an (!!), suite à la démission de la CLIPHAS, il n’existait plus aucune procédure dédiée au signalement des VSS dans l’établissement, et les victimes n’avaient pourtant pas disparu dans l’intervalle !

Le présent dispositif s’annonce pourtant contraire à tout ce que nous préconisions :

Il est opaque et totalement informel (voir : notre communiqué d’avril 2024) : personne ne sait comment ça fonctionnera !
Il n’y a pas eu d’évaluation de son caractère opérationnel ni des problèmes qu’il risque de générer !
Il met sur un pied d’égalité le harcèlement, les VSS avec des sujets comme la fraude aux examens !
Dans un contexte de montée de l’extrême-droite, il incite les personnels et étudiant-es à la délation
Les membres démissionnaires de la CLIPHAS ont toutes décidé de le boycotter
En l’état, et contrairement au registre SST déjà existant, rien ne permet de garantir qu’un signalement donnera lieu à une prise de décision de l’établissement, encore moins au déclenchement d’une section disciplinaire en cas de VSS

Toute ambitieuse qu’elle s’affiche, la politique néolibérale de Responsabilité Sociétale de l’Université (RSU) ne parvient pas à déguiser l’immobilisme de la direction. Pour preuve, non seulement les deux enseignants-chercheurs qui avaient été mis en cause au moment de la démission de la CLIPHAS n’ont pas été sanctionnés, mais ils ont été promus entre temps ! Et combien d’autres auteurs présumés, tout juste déplacés de service ? N’avons-nous donc rien appris de nos erreurs ?

Nous voulons dire aux collègues volontaires ayant généreusement intégré le dispositif de bonne foi de ne pas se laisser berner. En acceptant de siéger dans ce dispositif, la présidence vous transfère une partie de sa responsabilité civile et pénale. Autrement dit, si les affaires que vous traitez sont judiciarisées d’une façon ou d’une autre, vous serez en première ligne, comme pour les collègues ayant dû se défendre d’une accusation en diffamation après avoir porté une affaire contre vents et marées. Attention aussi, vous risquez de devoir être juge et partie pour des collègues que vous connaissez par ailleurs !

La CGT a demandé à plusieurs reprises une évaluation des risques préalablement à la mise en place de ce dispositif. Mais, contrairement aux textes de loi le Conseil Social d’Administration, la direction a refusé de présenter le point à l’ordre du jour de la FS. C’est un nouvel abus de pouvoir manifeste !

Ce dispositif s’annonce déjà dangereux, par les très nombreux amalgames qu’il entretient. Ce dispositif fait fusionner : les VSS, le harcèlement moral, le racisme, la déontologie, le plagiat, la fraude, le handicap, l’anti-djihadisme : ce n’est plus un dispositif de prévention, c’est un pot-pourri ! C’est une confusion indigne de l’attention et du sérieux que chacun de ces sujets mérite en soi et la dilution du sexisme et du racisme dans des thématiques de moindre importance ! En outre, voir un signe de radicalisation dans un « changement soudain de comportement dans l’alimentation ou la nourriture », comme le suggère la plateforme, peut tout bonnement relever de l’antisémitisme et/ou de l’islamophobie.

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir dénoncer un∙e collègue dont on estime qu’il ou elle fait « mal » son métier ? Grâce au dispositif de signalement mis en place par la direction, c’est désormais possible ! Vous pouvez devenir, vous aussi, un délateur professionnel ! Attention, néanmoins, si vous choisissez de ne pas dénoncer le collègue avec qui vous avez eu un différend professionnel récemment, celui-ci pourrait très bien vous prendre de court… et vous dénoncer vous à la place, en un clic et tout en restant anonyme ! Quant aux étudiant∙es, il n’a jamais été plus facile de dénoncer l’étudiant∙e d’à côté !

Bref, dans un climat d’extrême-souffrance au travail, et de désorganisation totale de l’activité professionnelle, faute de moyens humains et financiers à la hauteur des enjeux, oui, nos collectifs sont traversés de conflictualités. Comment la direction a-t-elle prévu d’y remédier ? En inaugurant une plateforme digne d’un maccarthysme néolibéral où les plus bas instincts autoritaires pourront s’exprimer sans filtre !

Madame la présidente, mais que signifie donc une « atteinte à l’honneur et à la réputation de l’établissement » ? Dans un contexte de dérives illibérales et d’attaques sur les libertés académiques, l’expression nous fait froid dans le dos. Si nous prenons la parole dans la presse pour dénoncer nos conditions de travail toujours plus détériorées, sommes-nous en situation de faute professionnelle ? Qui détermine ce qui constitue une atteinte ou non à l’honneur et à la réputation de l’établissement ? Quel est l’honneur, d’ailleurs, d’un établissement qui ne cesse de maltraiter ses personnels ? Le flou de ces catégories ne peut suggérer que des risques d’abus et de discriminations, antisyndicales notamment.

Madame la Présidente, dans un contexte où l’extrême-droite gagne du terrain dans les urnes, mais aussi sur nos lieux de travail, nous vous demandons donc le retrait immédiat de cette disposition, contraire à votre mission de défense des libertés académiques.

La CGT conseille aux personnels de venir toquer à sa porte pour toute difficulté rencontrée, et de continuer à remplir le RSST !

Soutenez la CGT !

https://cgt.fercsup.net/cgt-ferc-sup/je-me-syndique/