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Syndicat CGT FERC Sup des travailleur·es de l’Université Paris 8
Lettre ouverte à l’attention de Madame Sylvie Retailleau, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Madame la Ministre,
Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants.
Vous avez été alertée directement par la direction de la DGESIP sur la situation urgente à l’ENS Louis-Lumière concernant tant les enseignant-es que les étudiant-es : par un courriel envoyé par un enseignant élu au CA le 22 juillet 2022, puis une lettre des étudiant-es datée du 22 juillet 2022, restées sans réponse ; par des interventions Sup’Recherche-UNSA, l’UNEF et FO lors des réunions du CNESER qui se sont tenues les 13 septembre et 13 décembre 2022 ; enfin, un rendez-vous avec le syndicat FO le 20 février 2023.
Or, depuis la rentrée, le manque de cohérence et de constance autour du déménagement de l’ENS Louis-Lumière, devenu en quelques semaines de provisoire à définitif, puis de définitif à "provisoire de longue durée" (9 ans) génère une désorganisation récurrente de l’activité. La surface pour la nouvelle relocalisation temporaire (2023-2032), les coûts, le calendrier, communiqués aux personnels pour déménager et implanter des installations de haute technicité, coûteuses et fragiles, varient quasiment de jour en jour. Ce point avait été évoqué dans un courriel anticipatif qu’un membre élu au CA vous avait adressé, le 4 novembre 2022, lequel est resté également sans réponse.
Ces changements successifs inquiètent une majorité d’enseignant-es et de personnels techniques chevronnés qui sont tenus à l’écart, remplacés par des sociétés ou personnel privés. Ils posent également la question de la maîtrise d’un dossier aussi important, d’où la pétition publiée le 6 février (plus de 6000 signatures à ce jour), après la clôture des inscriptions au concours de l’école ; une tribune publiée le 8 mars par Libération signée par un collectif de plus de 150 personnalités dont un ancien ministre, des professionnels de renom, des enseignants, des professeurs des universités, la totalité de
l’équipe de direction précédente, des députés et conseillers régionaux. Enfin, un député vous a adressé une Question Écrite.
Comment croire que tant d’alertes issues d’autant de personnes différentes résultent « d’un climat conflictuel constant, entretenu par une partie des enseignants de l’École, motivés par des griefs personnels » (« Halte à la désinformation », texte diffusé par la direction via les canaux des réseaux sociaux et sur le site de l’ENS Louis-Lumière depuis le 9 février) ? Récemment encore, lors du Conseil d’administration du 9 mars, les élu-es enseignant-es et étudiant-es ont espéré, en vain, avoir des réponses sur le projet immobilier. Dans un esprit constructif, les élu-es enseignant-es unanimes ont proposé :
Pourquoi cette proposition permettant à la fois de préserver la continuité pédagogique, de mener une recherche à la hauteur des ambitions de l’école et de répondre également au souci de réduire les coûts, a-t-elle été ignorée ? Pourquoi la demande d’administrateur.trices élu-es, mail du 22 novembre dernier, d’une prospection de lieux domaniaux tel le bâtiment à Bry-sur-Marne qui pouvait être acquis pour 8 millions d’euros, a-t-elle été négligée ? Pourquoi le déménagement définitif est-il subitement tombé le 24 janvier 2023 ? Comment maintenir un projet de déménagement qui dissémine l’école en quatre, voire cinq lieux différents ?
Le délai est beaucoup trop court au regard des travaux rendus nécessaires par l’état et la longue inoccupation du bâtiment principal du futur site (bâtiment 136, ex-Eicar). De plus, le déménagement en quelques mois d’une école telle que l’ENS Louis-Lumière, avec la spécificité professionnelle de ses
installations techniques qui ne pourront être aménagées en si peu de temps, aura assurément des conséquences tant sur les conditions de travail que la qualité des installations et formations, donc sur l’avenir de l’école.
Or, en guise de réponses à ces craintes légitimes et fondées au regard de l’urgence de la situation et des informations changeantes, la réponse du ministère est d’une part un soutien au projet en cours et d’autre part, une seconde enquête administrative de l’IGÉSR (annonces au CA du 9 mars), enquête dont nous ne connaissons ni les dates, ni le périmètre d’action, et alors que le premier rapport (2021) n’a pas pu être consulté (lettre d’une élue au CA du 4 novembre 2022 restée à ce jour lettre-morte).
Par ailleurs, le signalement déposé dans le registre santé et sécurité au travail le 13 février par l’intersyndicale est resté longtemps sans réponse, et nous constatons que des menaces sont actuellement énoncées envers enseignant-es et étudiant-es, lanceurs d’alerte sur la situation de l’école.
Soyez assurée, Madame la Ministre, que les enseignants sont profondément attachés au service public, qu’ils continueront à faire face aux missions pédagogiques, administratives et de recherche et qu’ils sont porteurs de solutions. Mais, il y a urgence. Un climat d’incertitudes, de désinformation et de stigmatisation s’est installé. Il est non seulement contre-productif, mais en plus d’être une source de souffrances, il engage l’avenir de l’école.
Comptant sur votre compréhension, nous souhaitons vous rencontrer en présence des représentant-es des enseignant-es, des professionnel-les et de syndicats.
Nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’assurance de notre haute considération.
L’intersyndicale de L’ENS Louis-Lumière
(CGT-FERC Sup - FO ESR - Snesup-FSU - SUD éducation - Sup’Recherche)
et le SPIAC-CGT.
Contact mail : intersyndicalelouislumiere@gmail.com
NB : le texte de la tribune parue sur Libération web le 8 mars et portée par un collectif de personnalités, ainsi que le lien vers la liste des signataires.