Certains veulent « liquider » mai 68... D’autres n’en font, pour les besoins de leur cause, qu’une présentation dans laquelle est caricaturée, voire gommée, ce qui en fut une dimension essentielle, à savoir cet immense mouvement social, après lequel, comme l’écrit un des témoins, « plus rien n’était pareil ».
Alors que très rares sont les agents en activité dans les services qui ont connu ce conflit en tant que salarié, ce dossier se veut ce témoin qu’une génération transmet à celle d’aujourd’hui, non pour sacraliser « 68 ». Au contraire pour mieux faire connaître ce qu’en a été le déroulement, le vécu militant, ce qu’y ont gagné les salariés, ce qui a bougé en profondeur dans la société et qui gène tant encore aujourd’hui, afin d’en tirer enseignement pour les luttes revendicatives.
Quarante ans après, la France qui a fait 68, ses enfants et petits-enfants, cherchent encore la voie du changement dans un monde qui a tourné bien des pages. Nous n’avons toujours pas répondu à toutes les questions posées par cette époque, et notamment à celle, essentielle, du pouvoir des travailleurs sur leur propre destin, grâce par exemple à la promotion supérieure du travail libre et gratuite. C’est décidément encore et toujours une belle question.
Mai 68 a permis aux personnels du Cnam, en favorisant la création du syndicat CGT, d’obtenir durant ces 40 ans de luttes, des victoires telles que la création du Comité Technique Paritaire, la titularisation de 350 contractuels de type CNRS, la création de la commission sociale, et l’obtention exceptionnelle de 7 millions d’euros pour la sécurité incendie ou bien encore plus récemment l’abandon du scénario de vente des bâtiments Gay Lussac et Montgolfier.
Ce journal dédié au quarantième anniversaire du syndicat a pris délibérément le parti d’un regard CGT, un « regard militant », sur toutes ces luttes. Il ne saurait être qu’un retour nostalgique vers le passé, mais aussi et surtout, un élément de réflexion dans la construction des luttes à mener au Cnam maintenant et dans l’avenir.