Pourquoi le questionnaire ?

A l’Université Rennes 2, malgré les obligations légales en la matière, aucun bilan social annuel n’avait été publié depuis… 2020 au moment de l’enquête ! Cette base de données, baptisée désormais « Rapport Social Unique » (RSU), fournit pourtant des informations cruciales sur notre établissement : emploi, recrutement, rémunérations, santé au travail, conditions de travail, égalité femmes-hommes, etc.

Pourtant, à la CGT Rennes 2, les alertes qui nous sont remontées par les collègues dans les services et les départements sont très fréquentes et attestent de conditions de travail dégradées et de situations de souffrance au travail.

Face à ce constat et en l’absence de données objectives récentes, la CGT Rennes 2 avait pris ses responsabilités et avait décidé d’élaborer un questionnaire, avec différentes batteries de questions qui touchent aux conditions de travail et d’emploi afin de recueillir les témoignages des personnels et d’obtenir une vision plus précise de la réalité vécue au quotidien dans notre université.

Des taux de réponses élevés

Ce questionnaire a reçu 460 réponses, soit 25,7 % des agents de Rennes 2, ce qui constitue un taux de réponse important pour ce type d’enquête et souligne les préoccupations des agents de l’université pour ces questions.

En comparant avec les données sociales présentées dans le RSU 2022 (les données les plus récentes à ce jour, publiées depuis la communication de notre questionnaire), on peut préciser davantage les caractéristiques des répondants à notre questionnaire. Par rapport aux données globales de l’établissement, la population répondante est :

• Plus souvent personnels BIATSS (65,6 % des répondants vs. 47 % des agents de Rennes 2)
• Plus féminine (66,8 % vs. 60,7%)
• Plus âgée (69 % des répondants ont plus de 40 ans, vs. 63,7 %)
• Plus stable professionnellement (32,3 % de contractuels, vs. 38,5%).

Des situations répandues de surcharge de travail

Tant les personnels BIATSS que les enseignants-chercheurs font état d’une surcharge de travail. Alors que l’on nous promet l’austérité pour les mois qui viennent, les résultats de notre enquête révèlent une situation déjà critique :

• 33,7 % des répondants disent manquer de moyens suffisants pour remplir leurs missions.
• 37 % affirment manquer de temps pour accomplir leurs tâches.
• 44 % indiquent devoir se dépêcher toujours ou souvent dans leur travail.

Parmi les BIATSS, 37,7 % des personnes interrogées estiment devoir emmener parfois, souvent ou toujours du travail chez soi.

Une faible reconnaissance du travail fourni

Une seconde tendance notable est le sentiment d’une faible reconnaissance du travail accompli :

• En matière de rémunération, 55 % des agents s’estiment mal ou très mal payés.
• Plus largement, ce sont 58 % des agents qui jugent ne pas être reconnus à leur juste valeur, ce sentiment étant plus prononcé encore chez les femmes (62,1%).

Une organisation et un management qui pèsent sur les individus

En matière d’organisation du travail et de gestion des personnels, plusieurs résultats suscitent des inquiétudes.

Tout d’abord, en matière de gestion des emplois et des carrières :

• Près la moitié des agents ayant eu plus d’un contrat à Rennes 2 s’estiment insatisfaits des conditions de leur renouvellement (49,1%).
• Chez les personnels BIATSS, une part importante des agents n’a pas bénéficié d’entretien professionnel (26%) ; parmi ceux qui en ont eu, 25,3 % déclare ne pas avoir pu consulter le compte-rendu.

Ensuite, de nombreux collègues pointent une organisation du travail assez verticale, avec des rapports hiérarchiques parfois tendus :

Seuls 56 % des répondants s’estiment libres dans la manière dont ils effectuent leur travail.
Tandis que 17 % rapportent des situations de tensions avec les supérieurs hiérarchiques (21 % pour les personnels BIATSS).

Plus alarmant encore, concernant les violences au travail :

• Ce sont 25,9 % des répondants (et même 28,4 % des personnels BIATSS) qui indiquent avoir été témoin ou victime d’une agression verbale ou physique (de la part d’usagers, de collègues ou de supérieurs) !

Perte de sens et dégradation du travail

Surcharge de travail, faible reconnaissance, management vertical : ces différents facteurs se cumulent et alimentent une perte de sens et une dégradation des conditions de travail. La souffrance au travail est une réalité pour de nombreux collègues.

Aujourd’hui parmi les répondants,

• 16,3 % de nos collègues indiquent aller « mal » ou « très mal », et seulement une courte majorité (51,3 %) juge aller « bien » ou « très bien » dans leur travail.
• 11,7 % des agents indiquent avoir été en arrêt maladie pour des raisons liées au travail au cours de l’année écoulée.

Face à ce constat, les outils de prévention sont trop peu dotés et trop peu mis en valeur :

• 50 % des répondants n’ont jamais eu affaire aux services de la médecine du travail ;
• 63,7 % n’ont pas bénéficié de visite médicale au cours des 5 dernières années !
• Et seulement un peu plus d’un collègue sur trois connaît l’existence et la localisation du registre Santé et Sécurité au Travail (RSST), un outil pourtant essentiel pour être acteur de sa santé et sa sécurité au travail.

Les résultats de notre enquête dressent un portrait inquiétant des conditions de travail à l’Université Rennes 2, qu’une politique d’austérité budgétaire viendrait encore aggraver. Face à ce constat, il est urgent d’agir. Nous appelons à une prise de conscience collective et à la mise en œuvre rapide de mesures visant à préserver la santé physique et mentale des agents, améliorer leur qualité de vie au travail et garantir la qualité de notre service public universitaire. La CGT Rennes 2 invite l’ensemble des personnels à se mobiliser pour l’amélioration de leurs conditions de travail.

Vous trouverez ici la présentation qui a été diffusée lors de notre heure d’information syndicale le 6 juin 2024 : 🔗 https://cgtrennes2-cloud.kaz.bzh/s/fXMFjpmK7HaFwXk

Le bureau de la CGT Rennes 2