"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"
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Suite à l’« affaire Sciences Po », le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a diligenté une enquête par l’IGESR. Réalisée en mars, cette enquête a donné lieu à la publication d’un rapport le 8 mai 2021.
De notre point de vue, le contenu de ce rapport est partiel, partial et certaines affirmations sont fausses. Si nous notons certaines avancées, l’analyse renvoie les personnes dos à dos et entretient un climat politique nauséabond.
Nous dénonçons les conclusions et préconisations de ce rapport concernant « Mme C » et « Mme D », qui conduisent à des sanctions déguisées absolument disproportionnées par rapport à ce qui leur est reproché et surtout sans commune mesure avec la gravité identifiée des fautes des autres acteurs, notamment « M. A ».
Le titre et le contenu de l’atelier « Racisme, antisémitisme, islamophobie », animé par « Mme C » et source des attaques de « M. A », avaient été choisis démocratiquement par tous ses participants et validés par l’institution. L’objectif revendiqué de « M. A », au-delà de la simple liberté d’expression de ses opinions politiques, était bien d’empêcher l’étude d’un sujet qu’il tient pour inexistant. L’absence de réaction de la direction de l’IEP a permis à « M. A » d’atteindre son objectif : l’annulation de cet atelier sous son format initial.
Le ministère passe sous silence les manquements aux obligations de Sciences Po en tant qu’employeur et notamment la non mise en œuvre de certains droits fondamentaux des agents : absence de registre SST, absence de CHSCT effectif. Ce silence est d’autant plus significatif que le ministère était au courant, la CGT ayant déposé une alerte pour Danger Grave et Imminent au CHSCT ministériel, concernant les nombreux problèmes de management existant avant cette affaire.
Suite aux interventions de la CGT, la direction de sciences Po a « retrouvé » et mis à disposition des agents un registre SST en février et annoncé très récemment l’installation du CHSCT pour l’automne 2021.
Enfin, cette affaire, et ce rapport, arrivent dans un contexte national insoutenable d’attaques contre les libertés académiques, contre les libertés syndicales et libertés d’expression. Le comble étant atteint lorsque les ministres de l’éducation puis de l’enseignement supérieur ont affirmé que l’« islamogauchisme » gangrènerait l’université.
Le rapport publié est dans la droite ligne de ces accusations et des interventions de « M. A » et « M. B » remettant en cause la légitimité de certains champs de la recherche en Sciences Humaines et Sociales. Il s’agit bien d’une politique cohérente de la part du ministère et de ses relais et alliés, politique qui installe un climat empêchant concrètement des collègues de faire leur travail en toute indépendance. Rappelons ici l’article L141-6 du code de l’éducation : « Le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l’objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l’enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique. »
Nous renouvelons donc notre soutien à « Mme C » et « Mme D », ainsi qu’à l’ensemble des étudiants de l’Union Syndicale mis en cause.
Nous demandons au ministère de revenir sur les allégations fallacieuses de leur rapport.
Nous appelons les différentes tutelles du laboratoire Pacte (Sciences Po, UGA et CNRS) à soutenir publiquement les collègues et à réaffirmer la légitimité de leurs champs de recherche.
Nous réaffirmons solennellement que le racisme n’a pas sa place, ni à l’université ni ailleurs, et appelons les institutions académiques à ne plus laisser passer aucun propos raciste sans condamnation ni réponse claire.
Nous appelons l’ensemble de nos collègues à la vigilance dans ce contexte d’attaques politiques multiples contre l’université, contre ses personnels et contre notre travail.