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Déclaration des représentants CGT
CAEN du 11 juillet 2006
(Janine Emeyriat et Raymonde Bièvre)
Notre organisation syndicale, la CGT dénonce fermement la violence des expulsions des élèves "en situation irrégulière" sur tout le territoire français.
Le Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles (PRDF) de la Région Rhône-Alpes qui nous est présenté aujourd’hui, est une déclaration de bonnes intentions basées sur de grands principes d’égalité et de justice.
La suppression de 8700 postes de fonctionnaires dans l’Education nationale risque de malmener l’application de ce plan.
La concurrence entre l’apprentissage et les formations professionnelles publiques va se renforcer de plus en plus. Pour nous, si l’apprentissage peut répondre ponctuellement à certains besoins, et certainement pas à 14 ans, son extension va à l’encontre de la nécessité de former des jeunes citoyens, responsables, ayant une bonne culture générale ; elle va aussi à l’encontre des principes d’égalité d’accès à l’éducation.
La réussite des jeunes dans l’enseignement supérieur et la lutte contre les inégalités sociales nécessitent une véritable politique du logement, du transport, des moyens de fonctionner pour les universités de façon à ne pas mettre en place des prestations pédagogiques payantes en plus des frais d’inscription, ce qui constitue une véritable discrimination sociale.
Nous sommes d’accord avec le principe de la formation tout au long de la vie à condition que les temps de formation ne soient pas des palliatifs au chômage mais bien inscrits dans un parcours de sécurité sociale professionnelle : le salarié se forme pour un nouvel emploi ou s’adapter aux transformations technologiques de son emploi actuel.
Ce qui se passe au CUEFA (Centre Universitaire d’Enseignement et de Formation pour Adultes), organisme historique de la promotion sociale du travail depuis 1951, contredit les principes affirmés du PRDF.
Désengagement de l’Etat : le redéploiement des postes gagés, le transfert d’une partie du salaire social aux établissements ont réduit considérablement le budget des établissements publics de formation comme le CUEFA (moins 150 000 euros en 2005) mais aussi des GRETA.
La Région devenue compétente en matière de formation a permis pendant plusieurs années au CUEFA de fonctionner correctement. Mais depuis 2004/2005 le CUEFA a été mis en concurrence libre et très faussée avec le privé. Conséquences :
Certains auditeurs (concours équivalents ou post bac) qui préparent les concours de la fonction publique voient passer leur participation financière de 1 à 12 euros l’heure de cours.
Les formations de mises à niveau et le diplôme d’Aide aux Etudes Universitaires (DAEU) sont remises en cause. Alors que 450 personnes sont inscrites dans ce processus, la Région a décidé d’acheter 50 places en DAEU pour seulement 215 heures au lieu de 330 heures de formation.
Dès la rentrée prochaine la préparation au DAEU risque de passer de 300 euros à 1000 voire 1500 euros.
La mise en place du CTEF (Contrat Territorial Emploi Formation) condamne vraisemblablement à la fermeture les préparations DAEU de Valence, Voiron, Annonay et Montélimar.
Les 26000 heures de formation en moins obligera le CUEFA à prendre des mesures drastiques pour les salariés : suppression des heures de vacations, non renouvellement des contrats, mesures d’économie qui nuiront à la qualité du service rendu à une population déjà en difficulté. Un personnel précaire au service d’une population précarisée, on ne parle plus de précarité si ces deux catégories ne sont plus présentes.
La Région Rhône-Alpes applique une politique ultra libérale en terme de formation continue contre laquelle les présidents des 4 universités grenobloises ont protesté. Cette politique a pour conséquence la destruction d’un outil historique de la promotion sociale professionnelle. Alors que dans notre région, 15000 jeunes sortent du système éducatif sans qualifications et dont la culture générale est insuffisante pour leur permettre de s’intégrer à des formations qualifiantes, est-ce bien raisonnable de participer à la destruction d’un outil (et de ses compétences) qui a fait preuve de ses capacités à prendre en compte les besoins des publics divers parmi les plus défavorisés ou les plus fragilisés.
Nous revendiquons :
Le maintien du système de promotion sociale par la formation dans le Service public et les moyens de se développer pour répondre aux besoins de la population
La titularisation des personnels dont certains sont des vacataires permanents.
L’accès pour le plus grand nombre aux formations avec des tarifs les plus bas possibles
Nous avons noté avec satisfaction votre désir de dialogue social et bien que le CUEFA n’ait pas été consulté par le CTEF de l’Académie de Grenoble, nous espérons que nos propositions donneront lieu à un calendrier de concertation.
Encore deux points à aborder rapidement :
Les formations sanitaires et sociales vont correspondre à un besoin accru de la population (problèmes d’insertion, vieillissement, isolement, handicap...). Des moyens conséquents doivent être programmés pour ces formations.
Il faudrait préciser l’articulation du PRDF avec les CTEF, le document sur la question restant trop théorique, à notre avis.