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Menu ☰Accueil > Les dossiers > Retraites > Réforme des retraites une fausse victoire de Macron !
Six mois de mobilisations, de manifestations, de grèves, de blocages, des millions de salarié·es mobilisé·es… Et la loi portée par le ministre Dussopt est finalement passée aux forceps, avec un 49.3.
Macron a choisi de tourner tout de suite la page en parlant des cent jours ! Il se veut Bonaparte… Il finira peut-être comme lui, sur quelque île lointaine ? Un caillou dans la chaussure, l’incendie dans les banlieues : un vrai problème (le délitement des quartiers, l’absence de services publics, un manque crucial de politique du territoire et de la ville, une police parfois mal formée et une hiérarchie policière qui couvre tous les débordements) ? Il suffit d’agiter la peur, la grande peur, avec les médias qui ressassent le fait-divers, le spectaculaire. Il suffit de parler aux réactionnaires. Et pour le reste, il suffit de ne pas agir pour qu’enfin cesse le malaise dans ces zones laborieuses, zones dangereuses…
Alors, victoire de notre « ennemi de classe » ? Du pouvoir économique du MEDEF ? Ou victoire à la Pyrrhus condamnée à se retourner contre Macron et son monde ?
Qu’avons-nous gagné « malgré tout » ?
Jamais le roi n’a été aussi nu, jamais le pouvoir en place n’a été aussi fragile ! Sondages après sondages, les français·es ont affirmé, inlassables, leur refus de cette contre-réforme qui vise à les faire travailler toujours plus, pour toujours moins de pension au final, qui prend en ligne de mire les premiers de corvée aux corps usés par le travail manuel, par la manutention, par l’usure psychique.
Dans la rue, le 1er mai, ou en juin, les travailleuses et travailleurs ont encore exprimé leur contestation de cette loi de régression sociale. La colère est immense, partout. Les travailleuses et les travailleurs n’en peuvent plus de ces coups de couteau dans le contrat social, qui aboutissent à les faire travailler à la schlague pour optimiser leur productivité sur la journée, sur la semaine, sur leur vie entière ! Tout cela pour assurer le profit maximum des actionnaires et d’un petit nombre, au détriment du bien commun.
De plus en plus de travailleuses et de travailleurs comprennent l’intérêt d’être organisé·es, solidaires, de ne pas rester seul·es, isolé·es face à la loi des patrons et des chefs d’établissement. La fable du développement personnel, de la « collaboration » des salariés avec leur hiérarchie, du mérite et des primes, s’étiole, alors que la précarité explose dans tous les secteurs.
C’est pourquoi les adhésions sont nombreuses, très nombreuses, dans nos syndicats de la CGT FERC SUP comme dans toute la CGT. C’est une très bonne nouvelle, même excellente, mais cela nous engage : il faut que nos nouvelles et nouveaux camarades soient accueilli·es fraternellement parmi nous, formés. Qu’ils se sentent partie prenante du syndicat. Seuls, nous ne sommes rien, soyons tout, ensemble !
Nous avons retrouvé le goût de la lutte, et c’est vrai pour une partie de la jeunesse aussi, qui s’est montrée rebelle, prête à bloquer les universités, à résister : car nous sommes en résistance, comme jamais, contre un ordre « établi » qui n’est pas celui d’un ordre social consenti, mais celui d’une oligarchie, qui ne représente que ses intérêts.
Et nous avons retrouvé une unité dans la lutte, qui a le mérite d’exister : Macron n’a pas pu nous diviser pour régner !
Il suffira d’un signe ?
Le feu couve donc sous la braise, et le fond de l’air est rouge dans un pays fragilisé par des décennies de dégradations des services publics, d’absence de reconnaissance du travail réel, de ghettos urbains laissés en déshérence, de manque de démocratie sociale, de précarité comme mode de gestion des « ressources humaines ».
Mais pour que notre victoire survienne vraiment (elle est plus que possible), il faudra étendre la mobilisation comme jamais, convaincre les indécis, généraliser la grève, la lutte ! Et pour cela, arriver à libérer la parole de toutes et tous : c’est bien ce qui nous a manqué, dans le conflit sur les retraites. La capacité des travailleuses et travailleurs à échanger sur leur lieu de travail, au sein des assemblées générales ! Nous l’avons fait en 1936, en 1968. Aucune raison pour que nous ne puissions pas dans les mois qui viennent faire renaître ce goût pour la démocratie à la base.
Laissons-nous les vacances, les congés payés, ce trésor de guerre conquis par nos aînés en 1936, pour respirer, pour nous reposer de nos engagements !
Nous en serons plus prêt·es au combat, à la rentrée ! Toutes et tous ensemble !