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Madame la ministre,
La CGT FERC Sup a eu connaissance de la décision de la CP-CNU de refuser de participer aux sessions concernant la qualification des EC. Cette décision manifeste l’inquiétude profonde des universitaires relativement à votre loi de programmation de la recherche (LPR), qu’ils et elles refusent de toutes leurs forces.
Or, dans votre courrier du 9 décembre 2020, vous prétendez relier notre protestation à « l’absence de concertation préalable » (p. 3). Pour vous, la concertation n’est concrètement qu’un espace de consultation et non de négociation : vous décidez, vous demandez notre avis (enfin, parfois non !) et quand il ne vous convient pas, vous en faites fi.
Dans votre lettre, vous faites mine de nous rassurer, en évoquant la nécessité de garantir « une procédure de recrutement fondée exclusivement sur le mérite et les qualités des candidats » (p. 3). Or, le recrutement par les pairs se fonde principalement sur l’évaluation du travail, les « mérites » de ce travail et les « qualités » du travail. Votre modification des modalités de recrutement opère un glissement laissant entendre que mérite et qualité résideraient dans les personnes.
On n’évalue pas des personnes, on évalue leur travail de recherche, les conditions dans lesquelles il a été réalisé et l’intérêt qu’il représente pour la construction collective des savoirs au sein de la communauté scientifique.
Bref, on râlerait parce qu’on n’aurait pas suffisamment pu vous faire part de notre avis (la concertation préalable), mais notre avis… vous le connaissez, Mme la ministre. Il est possible de le résumer ainsi : la LPR, on n’en veut pas. Cela vous a été dit et répété de multiples manières par les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche pendant de longues semaines, pendant de longs mois. On ne veut ni de son idéologie, ni des mesures concrètes de sa mise en œuvre.
La fausse « autonomie des universités », qui cache en réalité un abandon budgétaire des établissements, peut faire penser à l’argent de poche qu’on donne à l’enfant quand il ou elle travaille bien à l’école. Mais tout se passe comme si la somme était immuable, même agrémentée de la prime de Noël ; avec cette somme, l’enfant achète ce dont il a besoin ou le désir d’acquérir, il est « autonome » mais ce qu’il veut est conditionné par l’enveloppe octroyée et, de plus, il doit dépenser là où on lui dit de dépenser. Cette prétendue « autonomie » ne sert qu’à l’assujettissement des établissements à la politique que vous leur imposez et que vous sommez de mettre concrètement en œuvre à votre place.
L’autonomie des universités, que nous condamnons depuis 2007, n’est qu’un moyen pour vous de démanteler l’ESR et de faire porter la responsabilité de cette destruction sur les épaules des chef·es d’établissement… Dans la crise sanitaire que nous connaissons, cela va, en effet, s’avérer fort pratique. Or, votre responsabilité d’employeur est conjointe, vous la partagez solidairement avec les directions d’établissements.
Vous parlez de « déterminer collectivement » les conditions d’un équilibre, mais nous ne formons pas un collectif, Madame la Ministre. Un collectif se définit par l’horizontalité alors même que vos injonctions prennent force de loi. Vous ne tenez aucun compte des avis des instances consultatives, comme on l’a vu avec la loi ORE et la LPR. Les modalités selon lesquelles le CT-U est réuni aujourd’hui en offre un exemple supplémentaire.
Nous sommes en situation de combat et d’opposition.
Outre la CP-CNU, hier soir encore, par exemple, le président de l’université de Bretagne Occidentale a annoncé qu’il suspendait toute collaboration avec l’HCERES, face à la somme misérable accordée à son établissement pour la rénovation énergétique. Cela s’ajoute à l’appel de la CP-CNU du 14 décembre 2020 demandant aux enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs de ne pas participer aux comités de visite du HCÉRES.
Nous nous opposons à votre « réforme », nous nions le résultat de votre travail, comme vous vous fichez comme d’une guigne du travail des étudiant·es, des personnels administratifs et techniques, des enseignant·es, des enseignant·es-chercheur·es.
Cette année, la dégradation des conditions de travail et d’études dans l’ESR atteint des sommets. La crise sanitaire actuelle révèle l’ampleur de cette dégradation et l’amplifie.
Cette dégradation, renforcée par la LPR et ses mesures dévastatrices, Madame la ministre, nous la refusons.
Nous n’avons rien de plus à vous dire et nous quittons la réunion.
La CGT FERC Sup, vendredi 18 décembre 2020
Les membres du CTU des organisations syndicales CGT, SGEN-CFDT, SNESUP-FSU et SUD EDUCATION actent que le ministère les invite à un point d’information sur les modalités de concertation relative à l’article 5 de la loi de Programmation de la Recherche (LPR). Cette invitation parvient à la veille des vacances de Noel, alors que cette loi a été votée et est en cours d’examen au Conseil Constitutionnel. Les membres du CTU relèvent que le ministère n’a jamais jugé bon de les solliciter sur la loi elle-même, même pour information, en dépit de leur demande unanime datant du mois de novembre, qui n’a à ce jour reçu aucune réponse.
Le contournement initial du CTU dans ce processus, l’absence de réponse à notre demande unanime de convocation d’un CTU et les conditions de convocation tardive confirment l’absence de considération par la ministre des instances représentatives des enseignants-chercheurs.
Les membres du CTU, comme la très grande majorité de la communauté universitaire et scientifique, rejettent la loi de programmation pour la recherche (LPR) telle qu’adoptée par l’Assemblée nationale le 20 novembre dernier et dénoncent les dispositions délétères qui ont été ajoutées par les parlementaires avec l’accord du gouvernement.
Ce texte – sorti et examiné en pleine crise sanitaire – résonne comme une provocation vis-à-vis de notre communauté alors que celle-ci est pleinement mobilisée depuis plusieurs mois pour faire face à la pandémie et pour accompagner les étudiants afin d’éviter qu’ils ne décrochent massivement.
Les dérogations aux recrutements des maîtres de conférences et la suppression de la qualification pour le recrutement des professeurs d’université ont été introduites sans aucune concertation après que le ministère ait tout fait pour évacuer ce sujet des discussions. Cette remise en cause du rôle du CNU et des principes de transparence des procédures et d’égalité de traitement entre les candidats est particulièrement inappropriée. Elle ne permet pas une réflexion saine, approfondie et experte sur les processus de recrutement des enseignants-chercheurs.
De plus, il n’y a pas de justification objective à ce que les enseignants-chercheurs aient la particularité parmi les fonctionnaires d’État d’être recrutés directement à un échelon local alors même que les fonctionnaires territoriaux passent un concours national avant leur recrutement au niveau local. Nous entendons en conséquence œuvrer au maintien d’une procédure nationale de qualification.
Les Chaires de professeur junior et le renforcement des appels à projets comme mode de financement privilégié de la recherche aggravent la casse des missions de service public et des conditions de travail de la communauté universitaire en son entier. Non, définitivement non, la LPR ne répond pas aux attentes de la communauté universitaire et scientifique pourtant exprimées unanimement.
Nous continuerons de porter nos revendications mais ne nous laisserons pas imposer un calendrier ramassé et un faux semblant de concertation pour discuter de choses aussi fondamentales que le recrutement des enseignants-chercheurs.