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Menu ☰Accueil > Les dossiers > Enseignement supérieur > Loi Vidal - ORE (2017-2018) > La FERC à la coordination nationale du 27 janvier 2018
à la table ronde « conséquences sur les conditions de travail du plan « étudiants » et du projet de loi Vidal ». (Note : le discours prononcé a été plus court, du fait de la contrainte des 5 minutes.)
Actuellement, les conditions de travail des personnels sont mauvaises dans les établissements d’Enseignement supérieur. Cet état de fait est la conséquence directe de la politique qui a été menée depuis 10 ans, qui est remarquablement cohérente. La loi LRU-Pécresse en 2007 avait mis en place l’autonomie des universités et leur mise en concurrence. A suivi en 2013 la loi LRU-Fioraso, qui a imposé partout la régionalisation et le regroupement des établissements (fusions et ComUE). L’étape actuelle, si elle devait aboutir, introduirait la sélection à l’entrée à l’université après son introduction en M1 et serait logiquement suivie par une libéralisation des frais d’inscription et donc leur hausse importante pour les établissements les mieux cotés. À la FERC CGT, nous nous sommes opposés à chacune de ces attaques contre le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR).
Les deux lois LRU ont éclaté considérablement le paysage de l’ESR, ce qui fait que les réalités sont très variées d’un établissement à l’autre. Il est donc dur de faire un état des lieux global. Toutefois, ces restructurations en profondeur ont partout eu les mêmes résultats, même si c’est avec une temporalité et
des degrés de gravité différents, grâce notamment à la résistance des personnels :
Le tableau est noir, mais malheureusement il n’est que trop vrai.
Si le plan « étudiants » devait être mis en place, et nous combattons fermement pour qu’il soit retiré, on aurait 700.000 à 800.000 bacheliers qui formuleraient jusqu’à 10 voeux non classés sur « parcoursup ». Les établissements devraient répondre à chacun de ces quelques 7 à 8 millions de voeux ! Une quantité de travail supplémentaire considérable serait nécessaire.
Un exemple : en STAPS à Lille en 2016, ils ont reçu 7.000 demandes pour entrer en Licence, pour 550 places disponibles. Avec « parcoursup » et les voeux non classés, il faudrait donc répondre individuellement à ces 7.000 demandes, avec au moins 5 ou 6 clics à chaque fois ! Actuellement, ils sont 3 pour s’occuper du secrétariat pédagogique : 2 en Licence et 1 en Master… C’est absolument intenable.On commence à voir poindre des solutions techniques locales et inégalitaires : export/import de fichiers pour un traitement de masse des données loin d’une réponse individuelle comme le prétend le ministère.Voilà pour une filière « en tension » pour reprendre les termes du ministère.
Mais pour toutes les filières qui ne sont pas « en tension », le projet nécessiterait de toutes façons de répondre à des milliers de demandes individuellement, pour au final remplir les licences comme avant. Les équipes enseignantes de Licence dans chaque filière devraient étudier des centaines, des milliers de dossiers, les secrétariats pédagogiques devraient les gérer, pour au final avoir a priori les mêmes étudiants qu’avant. Un gigantesque travail pour rien ou presque. On n’a déjà pas assez de bras pour faire le travail normal (enseigner et chercher), mais on ajouterait une masse de travail considérable complètement inutile, du point de vue technique, sans parler du fait que la sélection est injuste en elle-même.
Et le calendrier serait délirant, car il faudrait gérer cette surcharge de travail en mai – juin : c’est problématique pour les personnels des universités (enseignants et secrétariat) qui sont en pleine période d’examens !
Ce serait donc une véritable catastrophe qui s’annoncerait. A force de vouloir complexifier les procédures d’accès pour les bacheliers, de rendre impossible le travail des agents (avec surcharge et perte de sens du travail) cela pose la question suivante : n’y a-t-il pas une volonté délibérée d’empêcher le fonctionnement du service public comme cela a pu être fait dans d’autres secteurs ?
Nous partageons l’analyse qui a été faite : ce projet vise à introduire la sélection à l’entrée à l’université. Appliqué, il constituerait un véritable basculement de société. Pour notre part, à la FERC CGT, nous refusons la sélection. On n’accepte pas que des bacheliers soient interdits d’accès à l’enseignement supérieur notamment les bacheliers pro et techno.
Ce qui est en jeu avec le projet de réforme du baccalauréat qui s’annonce et qui s’articule avec le projet de loi « orientation et réussite des étudiants », c’est une attaque directe contre les diplômes nationaux, bac en tête. Nous y sommes très sensibles à la CGT (c’est l’aspect interprofessionnel qui joue), parce qu’ils sanctionnent des niveaux de qualification qui servent ensuite de base pour les minima dans les grilles, dans les statuts et les conventions collectives, que le patronat cherche à remettre en cause en permanence. Dans chaque convention collective, un titulaire de licence a (ou devrait avoir !) un salaire minimum et une progression minimale supérieurs à un titulaire du bac.
À la FERC CGT, nous sommes donc pour la défense des diplômes nationaux et en particulier du baccalauréat qui est visé.
La FERC CGT s’est investie dans l’interfédérale qui se réunit depuis septembre avec CGT, FSU, FO, SUD (organisations syndicales), UNEF, SUD Étudiants, UNL, SGL, UNL-SD (organisations étudiantes et lycéennes) et des associations. La plateforme revendique en particulier :
La FERC CGT soutient et contribue à toutes les luttes pour le retrait du plan « étudiants ». Elle appelle à se mobiliser massivement, à faire grève, le 1er février, qui doit être une première étape pour le retrait du projet de loi. Devaquet est mort. Enterrons ses idées !