"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"
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Le projet présenté par le PRES Sorbonne Paris Cité à l’appel d’offres des initiatives d’excellence (IDEX 2) dans le cadre des Investissements d’avenir, a finalement été sélectionné par un jury international composé d’universitaires et de représentants du monde socio-économique.
Ce projet s’inscrit pleinement dans le contexte de la RGPP, de la LRU et des RCE, et plus généralement, du démantèlement du service public d’enseignement supérieur et de recherche engagé depuis quelques années.
Ce projet organise la création d’une "Université unifiée" regroupant les 8 établissements participant au PRES. Celle ci devrait voir le jour à l’horizon 2016.
Cette initiative a été élaborée dans la plus grande confidentialité sans qu’aucune consultation n’ait été organisée ni au niveau des instances, ni dans les différentes composantes des différents établissements membres du PRES. L’IDEX étant une "compétition de haut niveau, arbitrée par un jury d’une grande indépendance" il était, soi-disant, important de ne pas divulguer les "bonnes idées" qui auraient pu avantager nos « concurrents ».
Même les membres du Conseil d’Administration du PRES n’ont eu droit à aucune communication autre qu’orale, de peur de "fuites", ce qui ne les a pas empêchés de voter, dans leur très grande majorité, un projet dont ils ne connaissaient presque rien !
Le PRES définit dans le projet IDEX un "périmètre d’excellence" qui drainera la majorité des fonds affectés (80% des financements pour 35% des enseignements et laboratoires selon la première version de l’IDEX).
Que deviendront tous les collègues et étudiants qui ne seront pas dans ce périmètre de l’IDEX ?
Quel sera le prix de l’excellence ? L’idée est bien d’ouvrir des filières "d’excellence", avec des droits d’inscription libres et chers, excluant les étudiants les plus modestes, à l’image de ce qui se passe à Sciences-Po, établissement leader dans l’élaboration de l’IDEX.
Le bureau du PRES et les Présidents d’établis-sement qui le composent, ont désormais intégré que l’enseignement supérieur et la recherche étaient entrés dans un modèle économique concurrentiel au mépris de toutes les valeurs fondant le service public. Pour faire passer la pilule on assigne comme l’une des responsabilités du projet d’assurer "la cohésion sociale" mais il ne s’agit là que de formules creuses qui cachent mal la véritable volonté d’éliminer les formations les moins "rentables", celles jugées les moins "performantes" et de faire au passage des économies d’échelle.
C’est l’abandon de la prise de décisions collégiale et démocratique au sein d’instances élues et représentatives de tous les personnels, on passe à une "gouvernance forte et resserrée".
C’est l’aboutissement de la réforme de l’Enseigne-ment supérieur et de la Recherche telle qu’elle a été réalisée avec la LRU. Au nom d’une bonne "gouvernance" ce sera désormais un petit nombre d’initiés qui prendront les décisions en bons managers.
L’IDEX a pour corollaire la création de la SATT, Société d’Accélération de Transfert de Technologies,
société de droit privé ayant pour actionnaires la Caisse de Dépôts, les établissements et des partenaires (CNRS, Inserm…) qui a pour but la promotion et la valorisation des programmes d’innovation (on ne parle plus de recherche !) portés par les établissements membres du PRES.
Depuis des années l’existence des classements, notamment celui de Shanghai, est devenue un argument politique justifiant la destruction du service public de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au profit d’une nouvelle organisation soumise à une vision libérale et mercantile.
Malheureusement elle a semble-t-il également obscurci le cerveau de nombre de présidents et d’universitaires qui croient bon de pousser avec zèle le modèle toujours plus loin pour espérer figurer dans ces classements à de meilleures places, sans pour autant mesurer l’ineptie d’une telle démarche.
Avec 120 000 étudiants inscrits, 13 550 personnels enseignants et administratifs, l’Université "unifiée" deviendra un monstre institutionnel.
Ces établissements ont des missions bien spécifiques comme l’apprentissage des langues orientales, des métiers de la santé publique ou la recherche en physique du globe… Sont ils appelés à disparaître ?
C’est bien la fin des missions de service public de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui est planifiée.