"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"
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Monsieur le président,
Rêvons !!
C’est donc sur ce mot d’ordre onirique que s’est conclu mercredi soir la seconde séance du groupe de travail consacré à la formation.
Mais puisque c’est un ordre, alors rêvons !
I have a dream !
I have a dream that one day...
Ok, on recommence...
Je fais le rêve d’une université ouverte à tous.
Je fais le rêve d’une université dont le fonctionnement ne dépendrait pas d’un changement de majorité parlementaire.
Je fais le rêve d’une université dont le financement serait pérenne pour plusieurs années.
Je fais le rêve d’une université dont les instances de décision seraient l’affaire de toute la communauté universitaire et non plus confisquée par quelques mandarins.
Je fais le rêve d’une université tournée vers l’universalité.
Je fais le rêve d’une université qui n’aurait nul besoin de faire des ronds de jambe aux entreprises du CAC 40 ou aux monarchies du Golfe.
Je fais le rêve d’une université affranchie de tous ces classements débiles qui transforment la transmission du savoir en vulgaire compétition commerciale et concurrentielle.
Je fais le rêve d’une université qui ferait la fierté de toute la société française.
Je fais le rêve d’une université capable d’accueillir et de former à la citoyenneté et aux Lumières.
Je fais le rêve d’une université où Voltaire et Montesquieu auraient davantage d’influence que Rhone-Poulenc ou Sanofi-Aventis.
Je fais le rêve d’une université qui serait comme une évidence le premier choix de nos bacheliers.
Je fais le rêve d’une université qui redeviendrait une chance et pas une voie de garage pour les familles les plus démunies.
Je fais le rêve d’une université symbole de l’ascenseur social qu’elle n’est plus.
Je fais le rêve d’une université dont les personnels seraient fiers et enthousiastes d’y travailler.
Je fais le rêve d’une université qui ne feraient pas de ses personnels une variable d’ajustement budgétaire.
Je ne fais qu’un rêve, celui d’une université où j’enverrai, fier, serein et enthousiaste, mes enfants.
Je fais le rêve d’une université qui ne serait que la continuité de la première chose dont ce pays a besoin, celui de l’école pour tous.
Mais ce rêve, cet impératif et délicieux objectif de l’école pour tous, vous en êtes, même malgré vous, les fossoyeurs.
Vous nous demandez de rêver quand vous ne rêvez que de grandeur future.
Vous rêvez d’excellence et université d’exception ; nous n’y voyons, bien malheureusement, qu’un énième projet supplémentaire d’exclusion.